Crique et Croque

Le 16 août au soir nous jetons l’ancre dans le port d’Erikoussa, notre première escale en Grèce. Pour ce premier amarrage à la grecque je me débrouille très mal, l’ancre se coince dans un corps mort, rattraper le coup oblige à des manoeuvres compliquées et la fatigue de ces derniers jours ne me rend pas très performant en situation de stress… Un italien vient nous aider avec son annexe en poussant l’avant du bateau pour l’empêcher de pivoter au vent, on finit tant bien que mal par prendre notre place. Il ne me reste plus qu’à plonger pour passer un orin à l’ancre, ce qui devrait permettre de la dégager demain matin. Surprise l’eau est sacrément froide !

Sur cette petite île de l’archipel des Diapondia au nord de Corfou il n’y a que quelques vacanciers, l’endroit est d’un calme olympien comparé aux stations balnéaires italiennes. A deux pas de la plage une boulangerie sert de délicieux gâteaux de fruits secs, des tartes feuilletées au fromage ou aux épinards, typiquement grecques, et aussi du tiramisù… L’Italie n’est vraiment pas bien loin ! Au dessus du port une chapelle blanche à toit rond veille à la tranquilité des lieux, et pour celle-là aucun doute, le style est 100% grec.

Sur notre route du lendemain se déploie un vaste panorama : derrière nous les trois îles, sur tribord les falaises de la côte nord de Corfou et sur babord la longue chaîne des montagnes d’Albanie. Quand nous arrivons à hauteur d’Agios Stefanos Sinion, la première d’une série de criques où nous envisageons de passer la nuit, plusieurs bateaux sont déjà au mouillage, plus vraiment de place pour nous. Sur les suivantes ce n’est guère mieux… On finira par se contenter d’un tout petit coin en bordure de plage, pas loin des rochers mais sur un fond où l’ancre semble bien accrochée.

Fort de cette première leçon nous ne faisons que quelques milles le jour suivant pour aller mouiller de bonne heure à Agni, une autre crique beaucoup plus sympathique. Certains bateaux à l’ancre ont tiré des amarres sur les rochers, on fait comme eux et ça fonctionne à merveille, Coromandel reste bien dans l’axe des vagues soulevées par le passage des ferrys et autres gros navires dans le chenal au large de la baie.

Ces rochers bien pratiques sont aussi de bons repaires pour les poissons que nous tentons de débusquer avec masque et tuba, font de formidables plongeoirs et prennent de jolies couleurs le soir sous le soleil couchant.

Quand la nuit tombe il ne nous reste plus qu’à choisir parmi les trois tavernas dont les lumières illuminent la rive. On jette notre dévolu sur Nikolas, allez savoir pourquoi 🙂 Ici chaque établissement à son ponton pour accueillir les clients ! Un bateau fait la navette vers un parking plus accessible pour ceux qui viennent en voiture. En quelques coups de rame on est près du quai. Un serveur nous voit approcher, nous aide à débarquer, attache notre annexe et nous conduit jusqu’à une table où l’on mange comme des ogres affamés : poivrons farcis, moussaka, poisson grillé… Seul bémol à cette soirée, le SMS qui m’avertit que mon téléphone s’est connecté au réseau albanais pendant l’après-midi et que je dois payer 78 euros pour 8 méga-octets consommés… On aurait pu espérer mieux comme digestif !